Le 30 septembre 2025, un séisme de magnitude 6,9 a frappé la province de Cebu, au cœur des Visayas centrales, causant des dizaines de morts, des centaines de blessés et des dommages considérables aux infrastructures. Si l’urgence humanitaire reste la priorité, les regards se tournent déjà vers l’avenir d’un secteur vital pour l’économie locale : le tourisme.
Les Visayas sont connues comme le « cœur culturel et balnéaire » des Philippines, accueillant chaque année des millions de visiteurs. Le choc du séisme menace cet élan, mais les autorités et les acteurs privés s’organisent pour relancer la machine, avec un plan de recouvrement à court, moyen et long terme.
Le rôle crucial du tourisme dans les Visayas avant le séisme
Les Visayas centrales, incluant Cebu, Bohol, Negros Oriental et Siquijor, représentaient avant la catastrophe une destination majeure :
- Cebu, surnommée « la Reine du Sud », accueillait environ 5 millions de visiteurs étrangers par an (pré-Covid), soit la deuxième province la plus visitée du pays après Metro Manila.
- L’archipel de Bantayan, Malapascua et Moalboal attiraient des plongeurs et amateurs de plages du monde entier.
- Selon le DOT, le tourisme contribuait à près de 13 % du PIB national et plus de 6 millions d’emplois directs et indirects. Dans les Visayas centrales, il représentait jusqu’à 20 % de l’activité économique locale.
Le séisme menace donc directement des milliers de familles dont le revenu dépend des hôtels, restaurants, transports et services touristiques.
Les premiers bilans : sites patrimoniaux et infrastructures affectés
Le Department of Tourism (DOT) et la TIEZA ont communiqué un premier état des lieux :
- 80 établissements touristiques endommagés, dont 36 hôtels et guesthouses
- 21 sites d’intérêt touristique touchés
- 711 travailleurs affectés directement (sans compter les emplois indirects)
Sites patrimoniaux impactés
Plusieurs monuments historiques, inscrits au patrimoine culturel philippin, ont subi des dégâts :
- Fort San Pedro (Cebu City) – fissures dans les murs coralliens
- Église Santa Rosa de Lima (Daanbantayan) – gravement endommagée, risque d’effondrement
- Peter and Paul Parish (Bantayan) – façade endommagée
- San Isidro Labrador (Tabogon) – effondrement partiel de la toiture
- Capelinha de Fatima (San Remigio) – structure sévèrement fragilisée
Ces lieux sont essentiels non seulement pour l’histoire mais aussi pour l’identité touristique des Visayas.
Conséquences sur le voyage et les services
- Transport maritime : plusieurs traversées de ferries ont été suspendues, bloquant temporairement des dizaines de voyageurs.
- Transport aérien : les aéroports de Cebu et Dumaguete ont passé avec succès leurs inspections de sécurité ; aucun dommage majeur n’a été signalé, mais des retards ont affecté certains vols.
- Électricité et communications : de vastes coupures ont perturbé le nord de Cebu, compliquant la logistique des hôtels et des stations balnéaires.
- Événements annulés : plusieurs festivals locaux prévus en octobre, dont des célébrations religieuses, pourraient être reportés pour des raisons de sécurité.
Mesures d’urgence et plan gouvernemental
Le gouvernement philippin et le DOT ont annoncé une série de mesures :
- Évaluations techniques immédiates des sites et infrastructures par ingénieurs et architectes.
- Assistance humanitaire : nourriture, tentes et relogement d’urgence pour les travailleurs du secteur.
- Programme Turismo Asenso : soutien financier (prêts, reports de charges) pour les micro et petites entreprises touristiques.
- Réhabilitation progressive des routes, ports et sites patrimoniaux.
- Promotion ciblée pour rassurer les marchés internationaux (Corée du Sud, Chine, Japon, États-Unis), principaux visiteurs de Cebu.
Calendrier estimatif de relance
- Court terme (octobre 2025) : inspections, sécurisation des zones à risque, rétablissement de l’électricité dans les zones touristiques.
- Moyen terme (novembre 2025 – janvier 2026) : réouverture progressive des hôtels et resorts, reprise des liaisons maritimes, campagnes de communication « Safe Cebu ».
- Long terme (2026 et au-delà) : restauration des églises historiques, relance des festivals religieux et culturels, investissements dans des infrastructures plus résistantes aux séismes.
Témoignages de victimes et d’acteurs du tourisme
« We can’t do anything about it, I’m just thankful we only got wounded. We can probably recover from this. » — Migabon, habitant de Bogo City.
Isagani Gelig, dont la femme travaillait dans un hôtel qui s’est effondré, témoigne : « Elle venait tout juste de commencer ce travail. Nous espérions pouvoir améliorer notre vie grâce au tourisme. Aujourd’hui, il me reste nos enfants, et la douleur d’avoir tout perdu. »
Ces voix locales rappellent l’importance d’un tourisme centré sur les communautés, et pas seulement sur les profits.
Comparaison avec d’autres catastrophes touristiques aux Philippines
- Taal (2020) : l’éruption du volcan Taal avait entraîné une chute immédiate des arrivées touristiques dans la région, mais la reprise avait commencé après 6 mois grâce à des campagnes DOT.
- Super-typhon Odette (2021) : avait ravagé Siargao et Bohol, avec des pertes estimées à plus de 20 milliards de pesos pour le tourisme. Ces régions ont mis environ un an pour se redresser.
- Pandémie Covid-19 (2020–2022) : effondrement quasi total des arrivées internationales (–90 %), mais résilience démontrée par le retour progressif en 2023–2024.
Ces précédents montrent que la reprise est possible, même après un choc majeur, mais qu’elle demande un mélange de financement, promotion et solidarité locale.
Recommandations pour les voyageurs
- Vérifiez l’état des routes, ferries et hôtels avant de partir.
- Privilégiez des hébergements certifiés « safe » par le DOT.
- Respectez les consignes locales, notamment autour des églises et bâtiments patrimoniaux en inspection.
- Soutenez les petites entreprises locales (restaurants familiaux, guides indépendants), fortement touchées par la crise.
Tableau récapitulatif (bilan initial)
Élément | Donnée initiale / statut |
Magnitude du séisme | 6,9 (30 sept. 2025) ; offshore nord Cebu. |
Sites patrimoniaux signalés endommagés | Fort San Pedro ; Santa Rosa de Lima (Daanbantayan) ; Peter & Paul (Bantayan) ; San Isidro Labrador (Tabogon) ; Capelinha de Fatima (San Remigio). |
Établissements touristiques endommagés (initial) | ~80 établissements ; 36 hébergements. |
Travailleurs du tourisme affectés | 711 (estimation initiale). |
Touristes temporairement bloqués | 15 signalés (répartition Bogo / San Remigio / Santa Fe). |
État des aéroports régionaux | Inspections initiales : pas de dommages majeurs signalés ; confirmer vols. |
FAQ élargie
Les Visayas sont-elles toujours une destination sûre ?
Oui, la majorité des zones touristiques restent accessibles. Les autorités ont bouclé uniquement les sites présentant des risques structurels.
Les aéroports de Cebu et Dumaguete fonctionnent-ils normalement ?
Oui, après inspection. Cependant, des retards peuvent survenir. Il est conseillé de vérifier auprès des compagnies aériennes.
Quels soutiens pour les entreprises locales ?
Le programme Turismo Asenso et d’autres aides publiques visent à fournir des prêts à faible taux et un accompagnement technique.
Les grands festivals de Cebu (comme le Sinulog) sont-ils maintenus ?
Le Sinulog, prévu en janvier 2026, devrait être maintenu mais avec des ajustements selon l’état des infrastructures.
Combien de temps pour une reprise complète du tourisme ?
Selon les estimations actuelles, une reprise partielle est possible dès la fin 2025, mais la restauration complète des sites historiques pourrait prendre 12 à 18 mois.
Conclusion
Le séisme de Cebu a marqué un coup dur pour le tourisme des Visayas. Pourtant, l’expérience des Philippines face aux catastrophes naturelles montre que la résilience est possible. Avec le soutien du gouvernement, des acteurs privés et des communautés locales, la relance du secteur est en marche.
Les touristes sont invités à continuer de visiter la région, à condition de vérifier les informations officielles et de privilégier des établissements certifiés. En soutenant les habitants et les petites entreprises, les visiteurs participent directement à la reconstruction d’une économie qui fait vivre des milliers de familles.